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Parole de pape. Le langage de l’Église au temps de François

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Pape François

Oubliez la langue de buis, le sabir doucereux et incompréhensible de trop de discours ecclésiastiques. Faites un trait sur les expressions tordues et alambiquées, les doubles négations, les « nous ne pouvons ne pas » qui révèlent l’impuissance des auteurs plus que leur autorité.

La révolution de François commence par le langage, un style et des signes qui tranchent avec la novlangue de trop de théologiens et hommes d’Église.

Pas de place pour le latin de Politburo, le pape venu de l’autre bout du monde parle la langue de tous et il se fait comprendre.

Dès le premier jour de son élection, avec ce « bonsoir » si peu hiératique et si « normal », humain, le ton est donné. Puis les homélies à Sainte Marthe, les formules qui frappent, les expressions imagées, les métaphores, les comparaisons tirées de la vie quotidienne. Rien à voir avec les allocutions solennelles prononcées d’une voix blanche, le cou tordu et la mine déconfite, lors de certaines sessions ecclésiastiques.
François n’aime pas les pasteurs qui passent leur temps à coiffer les brebis, comme les petites filles les poupées. Et s’il faut annoncer l’Évangile « même aux Martiens », il faut aussi que ceux-là puissent comprendre. Place à l’humour et à l’ironie, cette dernière trop souvent rejetée par les gens pieux, comme si le Christ et les saints, de Thomas More à Thérèse d’Avila, de Bernanos à Jean XXIII, ne s’en étaient jamais servis. Et l’on comprend que certains se montrent surpris, déboussolés. Trop clair, trop « direct », trop terre à terre, trop « curé de campagne », disent-ils du pape. Mais les autres, ceux qui en Italie ou ailleurs, après le troisième « nous ne pouvons ne pas », avaient envie de hurler ou de fuir, recommencent à rêver d’un autre langage et d’une Église qui se fait « conversation », ainsi que le souhaitait Paul VI et le répète François (
Evangelii Gaudium, 139). Une « Église en sortie » dans les périphéries de l’histoire, un « hôpital de campagne » où elle soigne tout d’abord son langage, pour parler à tous, sans jargon, sans l’écran de fumée qui justifiait parfois la boutade de Borges sur la théologie comme branche de la littérature fantastique.

« Que votre “Oui” soit “Oui”, que votre “Non” soit “Non” », il est dit dans les Écritures (Matthieu 5, 37 ; Épître de Jacques 5, 12). Non pas : « peut-être » ou « nous ne pouvons ne pas… ». C’est ce que les premiers chrétiens et les Pères de l’Église appelaient « parrhèsia », le franc-parler évangélique, langage exigeant qui n’a rien à voir avec les simplifications et les banalisations outrancières. Et encore moins avec l’obscurité que l’on confond avec la profondeur.


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